He’s a Keeper – Chapitre 1 (Prologue)


Alfred est en contact avec son correspondant Arthur depuis la deuxième année. Mais maintenant il devient un homme et veut rencontrer son meilleur ami, caché derrière le papier et les mails. Il ne s’attendait pas à ce désir que la distance a amené. USUKUS

Noté : Mature

Genre : Drame/Romance

Couple : USUK

Chapitres : 21

He’s a Keeper

Prologue

Note importante : John – Écosse, Oliver – Pays de Galle, Connor – Irlande, Chloe – Irlande du Nord

[ndt : mises à jour le mardi et le vendredi 😀 Merci à Zo One de nous avoir laissé traduire et publier sa fic]


Chair correspondant

Je m’apele ALFRED F. JONES. Je suis en 2 année. Mes choses préféré c’est les hamburgers et le foot américain et mon chien Il s’apele Spike et j’aime bien les carote. Mais ne le dit pa a personne ! C’est pas cool d’aimé les carote tu sais ?

La métresse dit que jedois mettre ici que je vis aus ETATS UNIS dans le NEBASKRA l’étaT. Oué.

Écri moi

ALFRED


Cher Alfred,

Mon nom est Arthur Kirkland. Je vis à Londres, Angleterre, qui est au Royaume Uni. Je crois que j’ai reçu ta lettre par erreur. Je suis en sixième année.

Je te suggère vivement de travailler ton orthographe. Ce n’a pas l’air d’être ton point fort.

C’est normal d’aimer les carottes, moi aussi j’aime bien ça. Mais mes légumes préférés sont les choux marinés.

Ton correspondant,

Arthur Kirkland


Et c’était comme a que tout avait commencé : avec une lettre horriblement mal écrite, et une réponse étrangement tolérante. Quand Alfred y repensait maintenant, il était surpris qu’Arthur ait pris la peine de lui répondre la première fois. Il devait être beaucoup plus gentil et calme quand il était petit.

À l’époque, Alfred n’avait que sept ans et Arthur dix. C’était étrange – au moins selon Alfred – que sa ptite école primaire de trente élèves (depuis la maternelle à la quatrième année), participe à un programme de correspondance international. Mais d’après ce qu’il avait compris, l’école d’Arthur, avec son millier d’élèves, aimait l’idée de correspondants Américains vivant au milieu de nulle part. Pas que ça le dérange. Alfred pensait qu’il y avait une raison pour laquelle Arthur était son correspondant (même si plus récemment ils communiquaient par e-mail). Et il n’était pas le genre de personne qui ignore le destin.

Le jeune Américain rit amèrement à lui-même en accomplissant son rituel du Vendredi quand il rentrait de l’école, fouillant dans le courrier pendant qu’il parcourait l’épouvantablement longue allée menant à la porte d’entrée de sa maison. Presque immédiatement il repéra une enveloppe qu’il savait qu’elle était d’Arthur. C’était une enveloppe banale avec rien de plus que son nom et son adresse et une adresse de retour. Mais les bandes rouges et bleues sur les bords de l’enveloppe et les timbres bizarres – parfois amusants – collés vaguement sur le papier trahissaient son origine.

‘Pa, chuis rentré, » il cria quand il passa la porte d’entrée, envoyant le reste du courrier sur la table de la cuisine. Il alla immédiatement dans sa chambre, laissant tomber son sac à dos par terre avant de tomber sur le lit peu cérémonieusement, tenant la lettre dans ses mains pendant que ses doigts s’appliquaient avec expertise à ouvrir l’enveloppe sans endommager son contenu.

Ce n’était pas souvent que lui et Arthur s’envoyait des vraies lettres ces derniers temps. Et quand ils le faisaient, c’était pour envoyer des petites choses idiotes comme des photos, des cadeaux, et quelquefois, Alfred aimait envoyer à son ami anglais des dessins au crayon pour enfants (une petite blague qu’ils partageaient à propos de la mentalité d’Alfred). Alors il était curieux de voir ce qu’Arthur cachait dans sa manche.

Alfred, la lettre commença – ça faisait longtemps qu’ils avaient dépassé le stade du ‘cher’ – et Alfred sourit nostalgiquement en voyant l’écriture rapide et cursive qu’était celle d’Arthur.

J’ai trouvé ceci en visitant un musée dans le centre ville de Londres. Ils avaient une exposition sur la Seconde Guerre Mondiale, je devais donc la visiter, naturellement, pour la voir moi-même. Ce n’était pas effrayant – étonnamment, ils avaient quelques vieux uniformes militaires intéressants. Ce qui était bizarre c’était qu’il y avait un uniforme de l’American Air Force avec le nom ‘Jones’ cousus dans le cou. Peut-être que tu avais un parent qui a combattu de l’autre côté de l’Atlantique ? Même si je présume que Jones est un nom de famille courant.

Mais je m’égare. Revenons à la raison de cette lettre : alors que je traversais la boutique souvenir, je suis tombé sur ces répliques de plaques militaires américaines et j’ai pensé à toi. On m’a demandé si je voulais graver un nom dessus, mais j’ai pensé que ça serait peut-être un peu exagéré. Regarde, il y a un aigle sur un des côtés. Ça devrait te plaire.

Aussi, je ne sais pas quand est-ce que tu recevras cette lettre (entre le 2 Janvier et le 9, je pense), et… c’est le sixième anniversaire, alors je sais que tu es peut-être triste – ou en train de te morfondre. Je voulais te réconforter. Elles est dans nos pensées, Alfred.

Quand tu recevras ceci, envoie moi un e-mail : je voudrais savoir si tu apprécies.

Arthur

Alfred ne put contenir le sourire qui s’étalait sur son visage lorsque ses doigts plongèrent au fond de l’enveloppe pour en tirer les clinquantes plaques militaires passées sur une fine chaîne de métal. Son pouce se promena sur l’aigle gravé sur un des côtés, alors que l’autre restait blanc, réservé au nom et à l’adresse. Il passa joyeusement la chaîne autour de son cou, admirant les plaques une dernière fois avant de les glisser sous sa chemise.

Par habitude et routine, Alfred se leva de son lit et alla vers son placard, tirant une grosse boîte à chaussures de l’étagère du haut pour y placer la lettre d’Arthur – avec toutes les autres qu’il lui avait envoyées durant toutes ces années. C’était la quatrième boîte. Dix ans, ça faisait vraiment un bon bout de temps.

Maintenant il devait envoyer un e-mail à Arthur pour lui faire savoir que les plaques étaient géniales. Il se glissa hors de sa chambre et entama le trajet jusqu’à la cave où l’ordinateur familial était situé. Un jour il investirait dans un ordinateur portable, mais comme il était encore au lycée (chez les Senior, s’il vous plaît), il ne pouvait toujours pas acheter grand chose à part de l’essence et quelques jeux vidéos en économisant le petit reste. Quand il aurait son diplôme, il allait directement trouver un travail. Enfin, il espérait.

Avant qu’il puisse s’introduire dans la cave, il se cogna dans quelqu’un. Il rit pour essayer de masquer son irritation.  »Oups ! Pardon. »

 »Oh, Al, je ne savais pas que tu étais déjà rentré, » répondit doucement Matthew, son cousin, en agitant sa main passivement.  »Est-ce tu n’aurais pas vu ton père quelque part ? » Alfred gratta ses cheveux couleur de sable, son nez se retroussant un peu pendant qu’il réfléchissait.  »Je suppose que c’est un non. Aujourd’hui c’est… tu sais. Il est probablement au bar, eh ? »

Alfred sembla se dégonfler un peu.  »Ah… ouais, ça doit être ça. » Il grimaça et haussa les épaules, échangeant un regard avec son cousin. Pour des cousins, Matthew et Alfred étaient remarquablement ressemblants, avec des cheveux blonds sable, une mâchoire volontaire, un nez doucement retroussé : les seules différences physiques entre eux étaient les cheveux plus longs de Matthew, et leurs yeux, ceux d’Alfred étaient aussi bleus que le ciel le plus pur, alors que ceux de Matthew était plus sombres – presque violets vus d’un certain angle. Sans compter le fait que Matthew était plus âgé d’un an, même si Alfred n’aimait pas l’admettre.  »Tu devrais sans doute aller le chercher. »

Matthew hocha la tête solennellement.  »Ouais. L’année dernière, j’ai du le ramasser à la petite cuillère. »

 »Merde… Ok, bon, je dois envoyer un mail, et après je finirai le travail de Pa. Ne t’inquiète pas, » il dit gentiment, balayant les regards inquiets de Matthew.  »J’y arriverai. » Il marqua une pause.  »On peut manger des hamburgers ce soir ? »

Son cousin eut un petit rire gentil.  »Bien sûr. Je vais chercher ton père… j’espère qu’il n’est pas allé trop loin… »

Alfred regarda Matthew partir, faisant tourner les clés autour de son doigt avant de sauter dans le vieux pick-up pourri qu’ils utilisaient principalement pour transporter du bois et des récoltes et descendre l’allée. Il soupira un peu mélancoliquement. Six longues années… Alfred repoussa brièvement cette pensée et se rua dans la cave, allumant l’ordinateur avec un soupir, et s’assit dans sa chaise de bureau préférée, tournant sur lui-même de multiples fois en attendant ?

Il se connecta rapidement et ouvrit sa boîte mail, écrivant un nouveau message plein de la familiarité habituelle.

À : Arthur Kirkland (Mystic_Grimoire a yahoo . co . uk);

Yo ! J’ai reçu ta lettre aujourd’hui ! Et j’adore les plaques militaires ! Je vais voir si je peux pas trouver un endroit où je pourrais faire graver mes infos dessus – au moins mon nom. Donc, techniquement… MERCI BEAUCOUP ! Aujourd’hui c’est… tu sais. Pa a disparu, Matt est parti le chercher, alors j’ai donc du travail à faire, ou les vaches vont être têtues demain.

Au fait, j’ai mon diplôme dans QUATRE mois ! QUATRE ! Six jusqu’à mon anniversaire ! Et après je pourrai boire légalement dans ton pays. 😛

Bon, je dois aller rassembler les vaches. Nova est probablement en train de réclamer de l’exercice. Faudra que tu visites le ranch un jour. Je te jure, c’est pas si terrible que je le dis. BON… à plus tard.

P.S. J’ai troooop utilisé le correcteur d’orthographe !

Alfred


– De l’autre côté de l’Atlantique –

Arthur sourit un peu lorsque son téléphone l’avertit d’un nouveau mail, et ce sourire s’élargit lorsqu’il remarqua qu’il était d’Alfred. Bien, son paquet était arrivé à temps. Il jeta un œil autour de lui sur la rue noire de monde et occupée, en glissant son téléphone dans la poche de son pardessus à nouveau, resserrant sa main sur son parapluie. Il n’aimait pas à quel point Janvier pouvait être pluvieux. Mais il supposait que c’était mieux que de la neige.

Finalement, il repéra un petit café qui était toujours ouvert et y pénétra, il commanda le thé spécial du jour, servi dans une tasse à emporter et s’assit dans un coin du confortable café. Il tira son téléphone de sa poche et le posa sur la table avant d’enlever son pardessus un peu trempé. John pouvait attendre quinze minutes de plus pour bouger son canapé, même si Arthur était sûr qu’il pouvait le faire lui-même.

Arthur tapota l’écran de son téléphone pour le sortir du mode veille et ouvrit le mail. Alfred avait sa manière de faire ça – le faire sourire. Dix ans, ça faisait beaucoup de temps pour connaître quelqu’un sans vraiment le connaître. Ses frères trouvaient ça bizarre, et même gay, mais Arthur s’en moquait. Il s’en moquait parce qu’il savait qu’Alfred ne le jugerait jamais, ne l’abandonnerai jamais si soudainement, et ne rirait jamais méchamment de ses erreurs. Et Arthur ne lâcherait ça pour rien au monde.

Distrait, il appuya sur le bouton ‘répondre’. Il n’aimait pas envoyer des mails avec son téléphone (ça prenait tellement de temps pour taper un message correct), mais il allait faire un exception pour Alfred aujourd’hui.

À : Alfred F. Jones (all . american . guy a cox . net);

Je suis content que tu aimes le cadeau, Alfred. Essaye de l’emmener dans une bijouterie. Ils font des gravures, et s’ils ne peuvent pas graver ton nom, peut-être qu’ils connaissent un endroit ou c’est possible. Je suis désolé pour ton père. J’espère pour toi que ça ira mieux que l’année dernière.

Je croyais que tu avais dit que les vaches étaient toujours têtues ?

Tu devrais peut-être venir en Angleterre, alors. Je sais où sont tous les meilleurs pubs – je te ferai faire un visite guidée.

Gratte Nova derrière l’oreille pour moi.

Arthur

P.S. Félicitations.

Quand il fut sûr que le message était bien envoyé, il se leva de son siège et se dirigea vers le comptoir pour récupérer son thé avant de retourner sous la pluie battante en direction de l’appartement de son frère. Le petit sourire qui s’était installé sur son visage lorsqu’il lisait le message d’Alfred s’effaça progressivement et laissa place à son habituelle mine renfrognée pendant qu’il naviguait dans les rues, sirotant son thé en tout en marchant.

L’appartement de John était au troisième étage, ouvert, et un beau chantier – comme toujours. Arthur grimaça lorsqu’il entra, marchant à moitié sur une pile de linge sale près de la porte.  »John ? » il appela en accrochant son parapluie sur le portemanteau avec son pardessus.  »John est-ce que tu es là ? » il appela encore, enlevant ses chaussures d’un petit coup de pied. Il observa l’appartement. On aurait dit qu’un ouragan avait traversé le petit espace.

Il y eut un grognement sourd venant de l’intérieur, et Arthur manœuvra entre les boîtes de nourriture à emporter vides, les bouteilles de bière, les habits – et il ne savait pas ce que c’était que ça.  »John ? Qu’est-ce que tu fais ? » il demanda, exaspéré, quand il trouva son grand frère effondré tête la première sur le sofa qu’ils étaient supposés déplacer.

John grogna à nouveau et tourna sa tête sur le côté pour regarder Arthur avec des yeux rouges.  »Urhh, la c’mande… coincée sous l’canapé… » Il cligna des yeux lentement, poussant ses mains contre les vieux coussins rayés.  »Peut pol’attraper… ? »

 »T’as la gueule de bois, » dit Arthur platement, debout à côté de John avec les mains sur les hanches. Bien sûr, pour quelle autre raison John s’embêterait-il à lui parler ? Il fronça les sourcils sévèrement.  »Je ne déplace pas le canapé pour toi. Lève-toi et fais le toi-même. »

Le frère d’Arthur soupira exaspérément en passant ses doigts dans ses cheveux roux.  »Ai pas. » Il colla son visage dans le coussins à nouveau.  » Je te déteste, » il cria soudainement, pendant qu’Arthur commença à dégager un endroit pour s’assoir.  »Je t’ai toujours détesté ! »

 »Mmhmm, » Arthur marmonna en réponse tout en tirant une chaise de la cuisine et en la posant au milieu de l’endroit dégagé.  »C’est pour ça que tu m’as appelé. »

 »Ouais… » John se tourna pour faire face à Arthur à nouveau, qui était maintenant assis sur la chaise en bois avec ses bras croisés sur sa poitrine, une expression mécontente sur son visage.  »J’devais t’ dire… peux pas… veux pas qu’ tu penses que je… que je t’aimeou autre chose du genre… »

Arthur hocha la tête. Combien de fois avaient-ils enduré ça ? Trop pour compter. Il croisa ses jambes également, envoyant un regard acéré et déplaisant à John.  »Oui, je sais. Mais enfin, John, pourquoi tu as bu autant ? »

Pendant un instant John se contenta de fixer Arthur comme s’il n’arrivait pas à comprendre pourquoi ou comment son jeune frère blond était simplement rentré dans son foyer.  »Oliver me manque ! » il gémit soudainement, écrasant son visage une fois de plus contre le coussin. Arthur leva les yeux au ciel.  »P-pourquoi c’qu’il est parti en nous laissant comme ça ? »  »Parce que, John, c’est son travail. »

John s’assit brusquement, vacillant à vue d’œil pendant qu’il essayait de jeter un regard noir à Arthur.  »J’lui ai dit de po rejoindre – armée… Putain ! »

Arthur s’adossa à la chaise en regardant John lutter avec ses vulgarités et jurons mal phrasés. Oliver, leur frère, avait rejoint la British Army environ trois ans auparavant, à la grande surprise de tout le monde. Arthur s’était senti confus par rapport à ce qui avait motivé sa soudaine décision, et quand il avait interrogé Alfred à propos de ça il y a trois ans, l’Américain avait simplement répondu : ‘Il est question de faire partie de quelque chose de plus grand que soi-même.’ Arthur espérait sincèrement qu’Alfred n’aurait pas d’idée irrationnelles et ne s’engagerait pas.  »C’est pas comme si il allait rester de l’autre côté de la mer pour toujours, John, » dit Arthur calmement, essayant de raisonner son Écossais de frère.

Il n’avait jamais cette chance.  »Il est en putain d’Amérique ! » John pleura pendant que sa main voletait aux alentours jusqu’à ce qu’elle se pose sur une bouteille.  » ‘mérique… bourrée d’imbéciles et… et… de gros culs… Pauvre Ol’ver. »

 »Mais oui. Tu te rappelles qu’il a dit qu’il ne serait à D.C que pour deux ans ? Plus qu’un an et dix mois et il sera de retour. Pas de quoi te souler ta gueule idiote. »

John posa un regard flou et changeant sur Arthur.  »Qu’ess’t’en sais ? Qu- ‘vec ton pote américain pédé. Il… il est proba’l’ment même pas vrai ! » John montra vicieusement Art du doigt, qui se redressa immédiatement dans sa chaise quand il entendit les insultes à Alfred.  »J’te parie qu’il est faux ! Comme… genre, les licornes d’qui tu parlais. Putain de pédé ! »

En un éclair, Arthur était sur ses pieds, arrachant la bouteille de bière à moitié pleine des mains de son frère.  »Ferme-la, maudit jacasseur, » Arthur persifla en attrapant le col de John et le tirant à lui.  »Je te suggère de dormir un bon coup et de ne jamais, jamais, m’appeler à nouveau ; ou je n’hésiterai pas à te noyer dans ta propre baignoire. » Il repoussa John, et le rouquin retomba sur le vieux canapé avec une stupeur retardataire.  »Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? »

John hocha la tête stupidement pendant qu’Arthur rajustait ses vêtements. Il attrapa son pardessus et son parapluie sur le portemanteau et s’en alla après avoir remis ses chaussures rageusement. Il pouvait sentir la colère couler dans ses veines, et ses mains tremblaient à cause de sa rage contenue. Comment osait-il dire qu’Alfred n’existait pas ! Arthur soupira à lui-même sur le chemin du retour.

Avec des mains tremblotantes il mit une théière d’eau sur le feu. Il avait besoin de thé pour se calmer, mais même cette perspective ne l’apaisait pas. Peut-être qu’il avait été un peu défensif à propos d’Alfred – juste un peu.

Quelque chose qui se rapprochait de la culpabilité se logea dans l’espace entre ses côtes. Il s’appuya contre le plan de travail de la cuisine et repêcha son téléphone dans sa poche, tapotant l’écran jusqu’à ce qu’il trouve ce qu’il cherchait.

[Arthur]

Mon frère John vient de me dire que tu n’étais pas réel. Est-ce que je devrais vraiment être si en colère ?

[Message sent 11:36 PM]

Arthur soupira quand l’envoi débuta, laissa sa tête tomber en arrière et examina le plafond d’un regard calme. Même si Alfred ne répondit pas immédiatement, il se sentit déjà remarquablement mieux. Ce n’était probablement pas normal, mais Arthur ne s’en préoccupait pas pour le moment. Bientôt il aurait son thé et juste après il se mettrait au lit. Oui, ça avait l’air parfait.

[Alfred]

Bien sûr que tu devrais l’être ! Chuis tellement réel que ça en fait mal ! Au fait, T debout tard, je vois toujours le soleil ici. Va te repauser. Et mRci pour les plaques . Tes genial !

[Message received 11:42 PM]

[Arthur]

Je vais prendre un thé, et après au lit. Ça a été une grosse journée. Je te dirai bonne nuit dans sept heures.

[Message sent 11:45 PM]

[Alfred]

Kan tu te prépare pr tn travail ? Dsole, je devrai pa monter Nova et ecrire en mm tps. Elle senerve. 😛 Dors bien.

[Message received 11:57 PM]

[Arthur]

Quand j’apprendrai que la cause de ta mort est un piétinement de cheval, je ne serai pas surpris. Concentre toi sur ta tâche, je vais au lit.

[Message sent 12:01 AM]

[Alfred]

Dors bien !

[Message received 12:04 AM]


– Dans le Midwest –

Alfred fourra son téléphone dans le poche de son jean en se mettant debout sur les étriers pour se faciliter la tâche. Nova piaffait gentiment, trottant dans la pâture à un rythme détendu, plongeant son nez ici et là pour grignoter les longues herbes, séchées depuis longtemps. Alfred étouffa un bâillement et protégea ses yeux du soleil avec une main. Le troupeau s’était aventuré loin dans le pré aujourd’hui, ce qui n’était pas surprenant ; la météo était bonne – ni trop chaude, ni trop froide, et juste une vive brise d’hiver. Heureusement, la neige avait fondu pour laisser place à un hiver doux (bien que ça ne veule rien dire, ils pouvaient très bien se retrouver sous presque deux mètres de neige en trois semaines).

Il autorisa Nova à trotter, grattant sa crinière avec sa main libre jusqu’à ce qu’il repère le bout du troupeau. Alfred siffla et pressa le talon de ses bottes contre les flancs de Nova, la mettant au petit galop pour approcher le groupe, décrivant des cercles autour des bêtes jusqu’à ce qu’il ait trouvé la meilleure façon de commencer.

Bientôt, il conduit Nova vers les vaches, les forçant à faire demi-tour avec réticence vers la ferme. Quand la majorité du troupeau se trouva dans la bonne direction, il poussa un cri, un aboiement soudain qui effraya les bêtes. Il suivit le troupeau joyeusement, criant lorsque c’était nécessaire et lançant une corde aux vaches qui ne le trouvaient pas assez effrayant.

Nova se léchait les lèvres de plaisir, elle se pencha en avant et mordilla une vache qui traînait derrière le troupeau. Alfred rit et ébouriffa sa crinière affectueusement. Il s’assit sur la selle à nouveau, tirant la grosse corde dans ses mains gantées, le froid d’hiver piquant ses joues et leur donnant des couleurs. Au moment où l’enclos apparut dans son champ de vision, son téléphone sonna, jouant Dude (Looks Like a Lady). Les oreilles de Nova se tournèrent vers lui, et elle secoua la tête, agacée.  »Ah, pardon ma grande, » il s’excusa, se leva et tira son téléphone hors de sa poche.  »C’est juste Matt. Il a dû trouver Pa. »

Il s’assit à nouveau sur la selle, criant encore une fois pour la forme. Si les vaches pouvaient parler, Alfred était sûr qu’elles diraient  »Ouais, ouais, on a compris, chut. » Il rit, se pencha et fouetta le postérieur d’une vache plus lente que les autres. Il jeta un coup d’œil rapide à son téléphone, parcourant ses options jusqu’à ce qu’il trouve son nouveau message.

[Matticus]

Hé, j’ai trouvé ton père… Uhm… C’est pas joli-joli. Il te demande, mais je lui ai dit que tu étais sorti pour un moment. Prends ton temps.

[Message received 5:46PM]

Alfred fronça les sourcils. Il manœuvra Nova distraitement vers le portail, fourrant son téléphone dans sa poche pendant qu’il descendait de son dos et fit entrer les dernières vaches dans l’enclos. Nova s’avança jusqu’à la barrière, mordillant quelques bêtes à travers les barreaux pendant qu’Alfred s’occupait de fermer le portail proprement. Il regarda Nova, puis les alentours en direction du champ. Alfred prit son téléphone dans sa poche une fois de plus.

[Me]

Wé. Je pars pr 1 bou de tps. Jemmene Nova se promener. Envoie 1 msg quand il dort ok ? Jai pas envie 2 lui parler qd il est comme sa.

[Message sent 6:12PM]

[Matticus]

Ok. Fais attention. Essaie de rentrer avant la nuit, d’accord ? Je fai des hamburgers, tu te rappelles ?

[Message received 6:13PM]

Avec un soupir – il ferait nuit dans une heure et demie – il mit son téléphone sur vibreur et l’empocha une fois de plus.  »Ok Nova, c’est juste toi et moi, et six cents hectares, » dit-il en se tournant vers le cheval avec une expression pincée.  »On va faire un tour. »

Comme si elle sentait son humeur, Nova s’approcha de lui et mordilla ses cheveux blonds sable en bousculant ses lunettes un peu. Alfred rit et la gratta juste en dessous du côté de sa bride – l’endroit que Nova préférait pour se faire gratter. Elle s’appuya lourdement contre sa main, et le renversa presque.  »Au fait, » il marmonna, déplacant sa main pour gratter derrière son oreille, obtenant un hochement de tête joyeux,  »De la part d’Arthur. Il te dit bonjour. »

Nova se lécha les lèvres quand Alfred prit les rênes et la caressa sur la petite tache blanche entre ses yeux (Alfred jurait qu’elle ressemblait à un aigle en plein vol – si on louchait), et la chevaucha encore une fois. Impatient, il planta ses talons dans les flancs de Nova, plus que content qu’elle soit si sensible à cet endroit, et sourit quand elle se lança au galop dans le champ vide.

Le vent hivernal hurlait dans ses oreilles et il se coucha contre l’encolure de Nova. Il la conduit au fond de la pâture, en direction des portail qui menaient à la petite forêt pleine de pistes sinueuses. Alfred ne pouvait plus attendre l’été, quand il pourrait emprunter ces pistes correctement – camper à la belle étoile avec Nova.

Il conduit Nova impatiemment dans la forêt dénuée de ses feuilles, ignorant le soleil qui descendait rapidement dans le ciel derrière lui.


– De l’autre côté de l’Atlantique –

Arthur se réveilla à cinq heures et demie. Il inspira profondément, sa main chercha à l’aveuglette son téléphone hurlant sur sa table de nuit. Il lui fallut une minute pour le trouver, et quand il y parvint, il pressa le bouton ‘désactiver l’alarme’ avec plus de force qu’il ne le fallait vraiment.

Par routine il se tira hors du lit et pratiquement rampa jusqu’à la douche pour essayer de se réveiller avant de prendre son thé.

Se sentant rafraîchi après une douche chaude, Arthur récupéra son téléphone sur la table de nuit, parcourant sa liste de contacts.

[Arthur]

Bonjour, Alfred. J’espère que ta journée s’est bien passée.

[Message sent 5:54AM]

Il reposa l’appareil avant de se diriger vers son placard et de choisir un costume approprié pour son travail. Aujourd’hui il avait envie de vert. Au moment où il sortit le costume du placard, son téléphone vibra. Il lui envoya un regard surpris. Alfred répondait difficilement aussi vite à ses messages matinaux. Il était une heure du matin là-bas, et si Alfred n’était pas à moitié endormi et halluciné à cette heure, c’est qu’il était trop occupé à coller son nez contre un écran de télé, à jouer à ses jeux vidéos délirants.

Curieux, il posa son costume au pied de son lit et prit son téléphone à nouveau.

[Alfred]

Hey, Arthur. C’est Matthew, le cousin d’Alfred. J’ai le téléphone d’Al. Il est aux urgences là… rien de sérieux. Pas de quoi s’inquiéter.

[Message received 5:56 AM]

[Arthur]

Aux urgences ! Merde, qu’est-ce qui est arrivé ? Il ne s’est pas fait piétiner par cette saleté de cheval, au moins ? Matthew, j’exige des réponses !

[Message sent 6:07 AM]

Arthur fixa son téléphone intensément pendant huit minutes en faisant les cent pas dans sa chambre, puis abandonna quand il n’eut pas de réponse. Ce n’était définitivement pas quelque chose qu’il voulait entendre dès le matin. Il essaye de se forcer à se calmer, balançant son téléphone sur l’oreiller et tira le costume à lui pour s’habiller.

Alfred allait bien, Arthur se le répéta encore et encore pendant qu’il ajustait sa cravate pout la sixième fois. Alfred n’était pas assis dans un hôpital sombre et de se vider de son sang.  »N’est-ce pas ? » grogna-t-il, passant ses doigts dans ses mèches blondes en bataille avant de tirer sur quelques-unes, en colère.  »Cet abruti, » il grogna pour lui-même en décidant d’oublier son thé d matin, puisque son estomac était tordu et douloureusement noué.

Il attrapa son pardessus et son parapluie avant de se diriger vers la porte. Pourquoi est-ce que ça l’embêtait autant ? Il grimaça davantage, s’enveloppant dans son manteau. Alfred allait bien, et même si ce n’était pas le cas (grands dieux non), ce n’était pas comme si Arthur devait s’en préoccuper. Cet Américain était plus une idée qu’une personne, pour lui. Mais… même les idées pouvaient être chéries.

[Arthur]

Alfred, Matthew, peu importe qui a ton téléphone, quelqu’un ferait mieux de me dire ce qui s’est passé, si Alfred va bien, et pourquoi personne ne me l’a dit plus tôt. J’attends une réponse c

[Message sent 6:36 AM]

[Arthur]

omplète avant la fin de la journée, ou… ou je te maudis, Alfred. Ne pense pas que je ne le ferai pas.

[Message sent 6:37 AM]

Arthur laissa la colère se déverser de son corps pendant qu’il assassinait les touches de son téléphone. Il finit son message bouleversé dans le foyer du bâtiment de son bureau, réglant l’appareil sur silencieux avant de le glisser dans sa poche avec un air nonchalant. Il n’avait pas besoin que ses collègues le pensent plus instable qu’ils ne le pensaient déjà.

Il se dirigea vers l’ascenseur rapidement, monta au sixième étage et se glissa dans son bureau. Ce n’était pas vraiment ce qu’il avait espéré dans la vie – un travail de bureau inintéressant. Mais un travail était un travail ; ça payait les factures et aspirait sa motivation à trouver quoi que ce soit de mieux. En fronçant les sourcils, il alluma l’ordinateur.

 »Hon, hon, hon ! Et regardez qui décide de travailler le Samedi ! Quel excellent mouton tu fais, Arthur. »

Arthur jeta un œil derrière lui, définitivement pas d’humeur à parler aux gens, encore moins les Français du nom de Francis. »Parle pour toi, fae de grenouille, » il cracha avec plus de venin qu’il ne le voulait à l’origine. Ce n’était pas comme si il était venu parce qu’il le voulait. Si la direction voulait offrir des heures supplémentaires payées, alors merde, il allait se faire un peu d’argent en plus.  »Je ne suis là que pour une demi-journée, de toute façon, » il ajouta pour faire bonne mesure.

Francis l’observa avec des yeux bleus attentifs, décidant de combler le silence en attachant ses cheveux blonds ondulés en une queue de cheval peu serrée pendant qu’il réfléchit.  »Il y a un problème, mon ami ? » il demanda gentiment quand Arthur s’assit dans son fauteuil lourdement, ouvrant un dossier qui était sur son bureau avec plus de force qu’il n’en était nécessaire, manquant d’éparpiller les feuilles qui y étaient méticuleusement rangées.

 »Ne prétend même pas être mon ami, Francis, » Arthur répliqua d’un ton mordant en faisant pivoter sa chaise pour être dos au Français.  »Mêle-toi de tes propres affaires pour une fois. »

Combien de temps Francis était resté là, à fixer l’arrière de sa tête, Arthur ne le savait pas. Mais quand il leva enfin les yeux de son travail (deux heures plus tard), l’autre blond n’était nulle part en vue, et Arthur se détendit. Ce n’était pas qu’il détestait Francis (enfin, c’était le cas, mais leur relation était une version tordue d’une relation amour-haine), mais il n’était pas doué avec les gens en général. Il était trop souvent mal luné, trop assuré, et trop étrange. Les gens ne savaient pas comment réagir avec lui, et lui avec eux.

Et puis il y avait Alfred. Et si il avait rencontré Alfred ? Est-ce que l’Américain l’aurait trouvé repoussant ? Ou juste trop bizarre pour lui ? Il devint pensif un moment, mais fut interrompu par une notification sur son ordinateur. Il avait deux nouveaux mails. Il ouvrit sa boîte de réception, remarquant avec grand plaisir un e-mail d’Alfred et un autre de… Francis ? Bizarre en effet.

From: Alfred F. Jones (all . american . guy a cox . net);

Hey Arthur c’est Al. Chui un peu fatigue. cest la morphine. oh et il est 2 h du matin ici. Mais j’explique pck g eu tes messages pardon je savé pas que matt avait mon portable. Je me suis casse le bras droit le… celui qui commence par u. Jai un platre super cool. J’ai demande au doc de le faire de deux couleurs. Il es rouge et bleu et le rembourage est blanc haha c un drapeau. Oh mais ouais… je me le suis casse en me promenant avec nova. Il faisait noir et elle a eu peur qd un raton es passe a cote de ses pieds. Je suis tombe mais mon pied est reste attache dans letrier alors elle ma tire pdt un moment. g de la chance davoir que le bras cassé. nova c 1 bonne fille et elle c arretee avant kil arrive qqch de + grave… bn, mintenant tu sais alor tinkiet. je me si je pourais photocopié ta signatur sur mn platre. sa serait tro genial. jtm art.

Alfred

Pour un long moment Arthur fixa l’écran de l’ordinateur platement, ne comprenant pas vraiment la purée de phrases devant ses yeux. Puis son cerveau confus se concentra sur une phrase en particulier, la lisant encore et encore jusqu’à ce qu’il croie que sa tête allait exploser sous le poids de la confusion.  »jtm art. »

Désespérant d’arrêter de penser aux sens et implications d’une phrase écrite par une personne fatiguée et sous influence, il ferma cette fenêtre et commença à écrire un nouveau message immédiatement.

To: Alfred F. Jones (all . american . guy a cox . net);

Alfred, mon cher, idiot, crétin. Je pensais que tu étais à moitié mort à cause du manque d’information de ta part ou de celle de Matthew. Je suppose que tu as de la chance de ne pas aller à l’école pour quelques jours. Profite de ton week-end.

Il envoya le message avant qu’il puisse taper quelque chose de stupide à nouveau. Profite de ton week-end ? Pour l’amour de Dieu, ce garçon venait de se casser le bras et c’était tout ce qu’il avait de mieux à dire ? Il grogna de frustration envers son propre manque de tact lors de situation bizarres. Les réunions, l’étiquette, les premières impressions – ça, il pouvait s’en occuper avec grâce. Mais pas consoler un Américain via internet, bon sang, il ne pouvait probablement pas faire ça en personne non plus.

Avec un gémissement de détresse presque silencieux, il ouvrit l’e-mail de Francis juste pour éloigner ses pensées d’Alfred.

From: Francis Bonnefoy (francis . bonnefoy a bindue . fr)

Arthur,

Tu as l’air d’être particulièrement en détresse ce matin, et je ne peux m’empêcher d’en faire la remarque. Je te propose d’aller boire un verre quand tu penses pouvoir venir.

Francis

Arthur fronça les sourcils et supprima le message. Il n’avait besoin de la pitié de personne. Il était Arthur Kirkland ; il n’avait besoin de personne – ni leur pitié, ni leur compagnie.

Tout ce dont il avait besoin étaient les lettres d’un agaçant garçon Américain. Et il supposait pouvoir vivre avec.

– Fin du prologue (à suivre) –


Notes pas importantes : On dit d’écrire sur des choses que l’on connaît. Je m’y connais en relations à distance, correspondants, vie de ranch, amis à la noix et les jeux dans la grange à foin. Et aussi, pas testé (dites moi si j’ai fait des erreurs – j’arrangerai), et maintenant je suis en retard au travail. Quelle honte. [ndt : les erreurs on été corrigées depuis.]